Accueil A la une Compléments alimentaires : Sans contrôle ni traçabilité.. !

Compléments alimentaires : Sans contrôle ni traçabilité.. !

 

A la suite du communiqué émanant de l’Ordre des pharmaciens appuyant les décisions prises par le département de tutelle relatif aux compléments alimentaires fabriqués et vendus dans le pays, nous avons contacté, sans réponse, cet organisme pour un entretien dans le but d’en savoir davantage à propos de cette question.

La Presse a déjà soulevé le problème depuis des années. Depuis les premières ouvertures des parapharmacies qui, en fait, vendent en majorité ce genre de produits.C’est M. Jalel Abdallah, président de l’Ordre des pharmaciens, à cette époque-là,  qui a bien voulu répondre à une question très claire :  A-t-on en effet le droit d’ouvrir une parapharmacie sans l’autorisation de l’Ordre des pharmaciens ? «Dans l’état actuel des choses, à part l’existence d’une liste de produits vendus en officine dont la vente n’est pas réservée aux pharmaciens selon le code de la santé qui définit le monopole pharmaceutique, la réglementation est pour ainsi dire encore muette. Ce sont en fait des produits vendus depuis des années de manière traditionnelle mais qui ne font pas partie des listes de médicaments et assimilés qui y sont commercialisés, mais le danger provient du fait que personne ne connaît les origines et les répercussions que pourraient avoir ces produits, à plus ou moins courte ou longue échéance. C’est le cas des laits pour bébés, des savons pharmaceutiques, des écrans solaires, de beaucoup de plantes, etc., des domaines qui exigent des connaissances sérieuses».

Il y a danger quelque part !

Le ministère de la Santé, a-t-il poursuivi, n’a pas le droit de les inspecter et celui du Commerce ne possède pas les compétences pour le faire. Pour le personnel qui y opère, nul n’en est sûr, alors que dans certains domaines, surtout en herboristerie, il y a danger. Les allégations auxquelles on fait de plus en plus allusion dans le domaine commercial représentent aussi un danger. «Nous sommes en relation avec le ministère de la Santé pour doter ce secteur d’un éventuel cahier des charges, d’une réglementation protégeant la santé du citoyen, car c’est là notre premier objectif, et, bien sûr, délimiter les prérogatives et attributions de ce secteur. Une correspondance a été envoyée au département de tutelle en mai 2014 et nous attendons la réponse», rappelle-t-il.

C’est clair, l’Ordre des pharmaciens était donc bien conscient qu’il faudrait, d’une manière ou d’une autre, prendre une décision pour mettre un terme à une situation qui ne saurait durer, pour le bien et l’intérêt de tous et en premier lieu du citoyen. Le ministère de la Santé aussi. Sur ces mêmes colonnes, le 28 janvier 2022, à la suite des publicités vantant la «qualité» de ces produits, on a appelé à ce qu’il y ait de la traçabilité et du contrôle. Mais, les choses n’ont pas beaucoup avancé.

Ces mélanges dont on ignore tout…

En fait, avions-nous signalé, «ce ne sont pas les prix qui inquiètent le plus, mais la qualité, la composition et les effets immédiats ou secondaires, ainsi que l’efficacité de ces mixtures souvent à base de produits chimiques ou même naturelles mal maîtrisés. Des mélanges dont on ignore tout et qui ne comportent aucune contre-indication». En effet, d’autres pays ont été confrontés à ce problème. Ils ont eu le courage et l’opportunité de le régler, tout en essayant dans la foulée d’amorcer un début de solution, bien que partiellement, pour un autre problème qui se posait : celui des pharmaciens qui sortaient des facultés et qui ne trouvaient pas où travailler, en raison des dispositions en vigueur. La réglementation appliquée (numérus clausus) était stricte et il fallait la respecter.

La foire !

Au Maroc, ces commerces (paras et autres) ne peuvent s’appeler des parapharmacies. En effet, ce nom comportant en son sein le mot pharmacie, mot ou nom, est  propriété déposée et protégée des officines pharmaceutiques au Maroc. Il en va de même pour les caducées et la couleur verte, depuis le 23 juillet 2022. Alors que chez nous, c’est un petit peu… la foire.

Les agents de la police et ceux de la direction régionale de la santé de Tunis ont saisi, dernièrement, dans la zone de Ghedir El Golla, du côté d’El Hrairia, un appareil de dialyse, et de nombreux dispositifs et matériels médicaux, stockés dans des conditions inadaptées.

Les «parapharmacies» poussent comme des champignons en l’absence de toute réglementation rigoureuse, instituant ordre et prudence. Ceux qui y travaillent ont sans doute quelques compétences, mais ne possèdent pas celles des pharmaciens. Les grandes surfaces, qui trouvent dans ce genre de produits de confort des marges importantes, ne disposent pas également de personnels réellement compétents. Ils sont sans doute informés, mais cela ne va pas plus loin.

La présence d’un pharmacien exigée

Les producteurs et laboratoires qui fabriquent ces produits ne posent aucune condition pour la vente de leurs marchandises dont la qualité elle-même est parfois douteuse sinon nocive. Ce n’est pas le cas en France et au Maroc où officines et grandes surfaces sont obligées par la loi en vigueur d’engager un pharmacien sinon deux ou plus (cela dépend de la taille des rayons). Faute de quoi leurs rayons ou local sont fermés.

Les fabricants spécialisés dans ces pays exigent la présence d’un pharmacien diplômé dans l’officine fournissant des produits parapharmaceutiques pour livrer leurs produits. Il y va de leur prestige et c’est indirectement une responsabilisation qui protège le consommateur. C’est aussi et surtout une précaution qui pourrait ouvrir la voie à une mise en place d’une réglementation en Tunisie. Elle associerait l’appel à du personnel spécialisé, diplômé, en attente sur la longue liste des pharmaciens formés et non encore à la tête d’une officine aux côtés de ceux qui sont à la recherche d’une possibilité de travail dans un créneau intéressant.

De l’emploi à pourvoir

Comment n’y a-t-on pas pensé pour placer un bon nombre de ces jeunes dans ce créneau qui pourrait représenter pour eux un début de solution à leur situation de chômeurs. ?  Sans pour autant demander à ceux qui ont mis à contribution cette voie encore porteuse pour gagner leur vie de fermer, il serait intéressant et urgent de régler ce problème de chômage, de qualité de services tout en protégeant le consommateur.Un problème qui dure depuis des années et qui permet à ceux qui considèrent que l’argent n’a pas d’odeur de se laisser aller, en fermant les yeux sur tout ce que ces laboratoires, qui n’en ont parfois que le nom, pour fourguer leurs mixtures sans se soucier des conséquences.

Il ne s’agit donc pas de communiqué, mais bien de prise en main de tout un secteur. C’est bien un dossier sérieux à traiter par ceux qui voudraient vraiment faire œuvre utile.

Pour le bien de tous. 

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